mardi 5 avril 2011

Les chasseurs de tête diversifient leur activité

Du côté des profils recherchés, la tendance reste au traditionnel et sécurisant clonage.

La crise a touché de plein fouet les chasseurs de tête et cabinets de recrutement. En 2009, leur chiffre d'affaires s'est établi à 880 millions d'euros, soit un effondrement de 20 % par rapport à 2007 (1,1 milliard). « Une chute plus importante qu'en 1992 et qu'en 2000 », commente Gwenolé Guiomard, co-auteur du Guide des professionnels du recrutement (1). Cet ouvrage, qui se veut critique, passe au crible les 100 premiers cabinets du marché (soit 80 % du chiffre d'affaires de la profession).

Pour compenser la diminution des missions, les cabinets ont développé des activités de conseil. Selon l'étude 2011 réalisée par Oasys Consultants (2), 74 % des consultants déclarent avoir d'autres activités que le recrutement : 34 % font de l'évaluation, 22 % du conseil en RH, 20 % du coaching, 10 % de la formation… Ces nouveaux pôles devraient représenter à terme 50 % de leur activité, pour réduire les risques, affirment-ils. Un vœux pieu, qui sera mis aux oubliettes dès que la croissance sera revenue, estime au contraire Gwenolé Guiomard. « Le recrutement rapporte tellement d'argent… » : 10 000 euros facturés par recrutement en moyenne par les cabinets, 15 000 à 55 000 par les chasseurs de tête, positionnés sur les très hauts dirigeants, qu'il n'est pas difficile d'identifier en France…

Enfin, avec les restrictions budgétaires qui ont touché les services RH des entreprise, les cabinets ont cassé les prix. Et la pratique du «Contingency» ou «travail au succès» s'est fortement développée : cette pratique anglo-saxonne implique que les entreprises rémunèrent le cabinet une fois le profil trouvé. L'ultralibéralisme, caractéristique de la profession, concerne aussi la rémunération.


Boom des réseaux sociaux

Du côté des profils recherchés en revanche, rien de nouveau. La tendance au clonage est omniprésente. Selon l'étude Oasys, plus d'un tiers des consultants déclare faire du clonage dans deux missions sur trois. Selon eux, un cadre clone (issu d'écoles prestigieuses type HEC et X) rassure le client car il peut être opérationnel immédiatement. Et bien que les consultants présentent un «outsider» (venu de l'université) dans une mission sur deux, ceux-ci ne sont retenus par les clients qu'une fois sur quatre… Dans ce contexte, le recrutement des seniors est loin d'être favorisé. 82 % des consultants sondés déclarent que l'âge est un critère de discrimination pour leurs clients. Et ce, malgré l'interdiction légale d'indiquer l'âge comme élément de sélection.

Pour identifier les profils, les cabinets privilégient toujours l'approche directe (95 % de citations). Viennent ensuite le réseau personnel ou professionnel (90) et derrière en très forte progression les réseaux sociaux en ligne (81 %), qui permettent au consultant d'affiner sa recherche.

Quid des perspectives ? « Les cabinet sont en plein boom, constate Gwenolé Guiomard. La reprise d'activité est spectaculaire ». En 2010, Syntec recrutement a annoncé 384 millions d'euros de chiffre d'affaires, contre 265 en 2009. Et les projections de l'Apec (240 000 cadres recrutés en 2014, contre 170 000 actuellement), annonce aussi un fort dynamisme de la profession.

(1) Le guide des professionnels du recrutement, 7e édition, par Gwenolé Guiomard et Pascale Kroll, Les Editions du Management.

(2) Cabinets de chasse de tête et de recrutement, étude réalisée par Oasys Consultants (en partenariat avec Le Guide des professionnels du recrutement), auprès de 88 cabinets, entre octobre 2010 et janvier 2011.


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